Interview de Jean Asselborn avec le Luxemburger Wort

"Téhéran n'a plus d'arguments maintenant pour se dérober à une coopération internationale"

Interview: Luxemburger Wort

Luxemburger Wort: Quelle contrepartie l'Occident peut-il escompter de cet accord avec l'Iran?

Jean Asselborn: Le fait que l'Iran, force politique et géostratégique majeure, devra contribuer désormais à la recherche de solutions aux crises du Proche-Orient, en Syrie notamment, ou au Yémen. Téhéran n'a plus d'arguments maintenant pour se dérober à une coopération internationale. 

Luxemburger Wort: Que dire à Israël, au vu de ses craintes face à cet accord? Et à l'Arabie saoudite?

Jean Asselborn: Dire que ce sont les États-Unis surtout, puissance protectrice d'Israël, qui ont signé le texte. Dire à l'Arabie saoudite, parallèlement, que l'Iran peut contribuer à ce que la fracture entre Sunnites et Chiites ne se creuse pas davantage. Rappeler aux uns et aux autres que l'Iran n'a jamais agressé personne [la guerre Iran -Irak de 1980 à 1988 avait été déclenchée par Bagdad].

Luxemburger Wort: Peut-on leur dire, aussi, que le nucléaire iranien sera véritablement sous contrôle?

Jean Asselborn: Oui. Car l'AIEA [Agence internationale de l'énergie atomique, en charge des mesures de surveillance] dispose d'outils très performants à cet effet. 

Luxemburger Wort: De la partie iranienne et de la partie occidentale, laquelle a fait les concessions les plus considérables? On se souvient qu'au premier temps des négociations l'Occident demandait un démantèlement complet.

Jean Asselborn: Javier Solana en 2005 déjà avait proposé un réacteur civil très sophistiqué en échange d'un contrôle. Mais c'est alors qu' Ahmadinejad arriva au pouvoir et l'Iran a refusé. Aujourd'hui Téhéran accepte de lourdes restrictions.

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