Interview d'Étienne Schneider avec le Jeudi

"C'est une réforme qualitative. Je veux simplement que la police fonctionne mieux"

Interview: Le Jeudi (Thierry Neijssen)

Le Jeudi: "La réforme de 1999, qui a vu la fusion de la gendarmerie et de la police, a-t-elle été un échec?"

Étienne Schneider: "Pas du tout. Mais elle a été, et c'était normal dans son contexte, génératrice de compromis, pour concilier les statuts ou l'organisation des deux corps. Il était nécessaire, après un laps de temps, d'analyser avec du recul ce qui avait été mis en place, et de réorganiser globalement. Cela n'a pas encore vraiment été fait."

Le Jeudi: "Le syndicat des policiers était particulièrement remonté la semaine dernière après le vote de la réforme de la fonction publique. Que lui répondez-vous?"

Étienne Schneider: "Je m'interdis de réagir à chaud, ou de polémiquer, dans un dossier complexe qui doit respecter une certaine chronologie si on veut le mener à bien proprement. La première étape, c'était de changer la direction de la police. Cela a été fait, et cela fonctionne bien. Les policiers ont des interlocuteurs dans la hiérarchie. La deuxième étape, c'est de réaliser des audits sur la réorganisation, les carrières... Ils ne sont pas terminés car il a fallu rajouter des interviews. La troisième étape, ce sera les conclusions qu'on peut tirer de ces audits, et c'est à ce moment-là seulement qu'on négociera sur l'ensemble. La réforme de la fonction publique n'est pas bloquante. J'ai toujours dit qu'on pourrait éventuellement faire des aménagements, des adaptations dans le statut des policiers, si cela se justifiait. Mais de grâce, respectons l'agenda."

Le Jeudi: "II y a forcément des économies à faire, un objectif budgétaire précis qui conditionnera les réformes."

Étienne Schneider: "Non. C'est une réforme qualitative. Je veux simplement que la police fonctionne mieux. Un exemple: ces petits commissariats ruraux où quatre agents seulement sont affectés. Il en faut un au poste quand deux sont en patrouille en voiture. Dès qu'il y a un malade, il est impossible d'organiser les missions. Le regroupement est une évidence, et ses conséquences bénéfiques se comprennent facilement."

Le Jeudi: "Que dites-vous au policier de base pour le rassurer sur le bien-fondé des processus en cours?"

Étienne Schneider: "Le policier de base est le premier demandeur. Bien sûr, à chaque cas individuel ses problèmes précis. On trouvera des solutions, on essayera de faire un accord maximum, mais on ne peut pas tout accorder."

Le Jeudi: "En tant que socialiste, êtes-vous pour l'introduction du droit de grève à la police?"

Étienne Schneider: "J'y suis opposé. Les policiers sont là pour protéger le pays, les citoyens. S'ils peuvent faire la grève il y a danger pour la société."

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