Intervention de Jean Asselborn à l'occasion de la 32e session de la Conférence ministérielle de la Francophonie

Seul le discours prononcé fait foi

"Madame la Présidente,

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi de remercier nos hôtes malagasys de leur hospitalité, et notre Secrétaire générale pour son rapport au Conseil permanent.

Le Luxembourg peut marquer son appui à la Déclaration d’Antananarivo. 

Mon pays est très attaché à l’Organisation internationale de la francophonie; nous apprécions l’esprit de coopération constructive qui y règne.

Nous apprécions également la possibilité qu'elle nous donne d'avoir cet échange franc mais bienveillant, en français qui plus est! Madame la Présidente, Nous nous rencontrons dans un contexte politique international des plus difficiles: outre les nombreux défis sécuritaires et les conflits prolongés qui se sont traduits par des mouvements de réfugiés d’une envergure inouïe, notre communauté internationale doit faire face à des attaques contre le droit international et le cadre des droits de l’homme eux-mêmes.

Permettez-moi de distinguer trois phénomènes qui me paraissent particulièrement dangereux. Nous assistons à une agression concertée, dans de très nombreux pays, contre les droits civils et politiques, agression qui prend souvent la forme d'une violente répression contre les organisations de la société civile et les défenseurs des droits de l’homme. Les atteintes aux droits des femmes ou à ceux des populations indigènes se multiplient, les groupes vulnérables étant généralement les premiers touchés.

Nul besoin ici de citer d'exemples tant ceux-ci, hélas, abondent. La seconde tendance peut être caractérisée par une pression accrue voire, parfois, une véritable remise en cause du droit international. Je pense ici notamment aux violations de plus en plus fréquentes du droit international humanitaire ainsi qu'aux attaques contre le multilatéralisme.

Le Conseil des droits de l’homme se trouve par moments bloqué par l’attitude non constructive de certains de ses membres ; or il est essentiel de préserver l’indépendance du Conseil et de ne pas la remettre en question devant l’Assemblée générale.

De surcroît, les retraits récents de certains Etats du Statut de Rome de la Cour pénale internationale sont hautement préoccupants. Je salue ici les pays qui ont réaffirmé leur ferme soutien à la Cour et à l’idée d’une justice internationale qu’elle incarne, notamment la République démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Burkina Faso, la Tunisie, et j’en passe.

Dernière tendance que je souhaiterais ici mentionner, la montée d’une vague de nationalismes d’inspiration autoritaire et ce, sur chaque continent, mais toujours avec le même message : le déni du caractère universel des droits de l’homme et l’exclusion de certains groupes d’indésirables.

L’histoire du 20ème et celle du début du 21ème siècle nous enseignent pourtant où nous conduisent de telles politiques d’exclusion : droit à la catastrophe. Les milliards de personnes vulnérables de ce monde - réfugiés, femmes, enfants, personnes LGBTI, journalistes, défenseurs des droits de l’homme – doivent être protégées.

La mondialisation ne doit pas se traduire par une exacerbation des inégalités entre nos pays et au sein de nos sociétés. Elle doit au contraire nous permettre de nous rapprocher, d'apporter à tous plus de bien-être, de faire de nos sociétés des sociétés plus justes, plus inclusives, plus apaisées.

Tel est bien l'esprit du Programme 2030 pour un développement durable.Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs,De cet engagement qui est celui de la Francophonie pour la paix, le développement, les droits de l’homme et l’état de droit, nous sommes tous redevables, collectivement mais aussi individuellement et concrètement, devant les citoyens qui nous ont élus.

Et nous avons, en la matière, beaucoup à apprendre les uns des autres. Mon pays comme les autres. Et c'est d'ailleurs, dans cet état d'esprit, que le Luxembourg a pris la décision de rejoindre le partenariat pour un gouvernement ouvert dont le Sommet se tiendra prochainement à Paris. Ces valeurs d'ouverture, de solidarité, de responsabilité et d'engagement sont celles de la Francophonie.

Ce sont aussi celles qui ont animé notre action, en 2013 et 2014, dans l'exercice de notre mandat de membre non-permanent du Conseil de sécurité et ce sont toujours celles qui motivent la candidature du Luxembourg au Conseil exécutif de l’UNESCO pour les années 2017-2021. 

Je vous remercie de votre attention."

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