Discours de Jean Asselborn à l'occasion du 70e anniversaire des Nations unies à New York

"Engageons-nous tous pour une ONU forte pour un monde meilleur"

"Monsieur le président,

Monsieur le secrétaire général,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

C’est pour moi un honneur de prendre la parole à l’occasion du 70e anniversaire de l’entrée en vigueur de la Charte des Nations unies. J’ai tenu à être présent à cette commémoration pour marquer l’attachement sans faille du Luxembourg, membre fondateur de l’ONU, aux principes et aux buts de notre Organisation et aux idéaux qui ont présidé à sa création, en juin 1945, à San Francisco.

Il y a 70 ans, le Luxembourg était un pays détruit. C’est dans l’oeuvre des Nations unies que notre pays a pu trouver au plus fort de la tourmente l’espoir de renaître.

Monsieur le président,
Les Nations unies sont un projet de paix, né des décombres de la Seconde Guerre mondiale, porté par la volonté des peuples de "préserver les générations futures du fléau de la guerre", pour citer la Charte.

L’ONU a contribué à maintenir la paix et la sécurité internationales, en déployant des casques bleus, des personnels civils, des missions politiques spéciales, des missions de médiation et de bons offices. Notre secrétaire général revient d’une visite au Proche-Orient où il s’est efforcé de contribuer à atténuer les tensions entre Israéliens et Palestiniens, en appelant au calme, en décourageant la violence dans les Lieux saints à Jérusalem, en appelant au maintien inchangé du statu quo historique au Haram al-Charif. Nous vous encourageons, Monsieur le secrétaire général, à continuer de porter ce message de paix avec toute votre conviction personnelle, et avec toute l’autorité morale des Nations unies.

Les Nations unies sont aussi un acteur essentiel en matière de coopération au développement et d’action humanitaire. Je pense ici à l’action menée sur le terrain par les agences, fonds et programmes tels que l’UNICEF pour les enfants. Je pense à l’engagement exemplaire des personnels humanitaires de l’ONU qui viennent au secours des populations touchées par des crises d’une ampleur sans précédent, de la Syrie au Sahel. Si nous mobilisons toutes les énergies et les ressources nécessaires pour réaliser le programme de développement durable pour 2030, si nous parvenons à un accord ambitieux et contraignant à Paris en décembre, si nous arrivons à faire du Sommet humanitaire mondial en 2016 un succès, nous serons à la hauteur du défi qui se présente à nous, la première génération capable d’éradiquer la pauvreté et la dernière à pouvoir agir pour contrer le changement climatique.

Monsieur le président,

Au cours des 70 années écoulées, les Nations unies ont sans nul doute contribué à "favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande", pour citer de nouveau la Charte. Mais l’ONU a également été le témoin de graves échecs. Je pense au génocide au Rwanda, au génocide de Srebrenica. Je pense au Sri Lanka, au Soudan du Sud. Et que dire de la Syrie aujourd’hui ? Il nous faut tirer les leçons de ces échecs.
Notre secrétaire général a lancé l’initiative "Les droits humains avant tout" qui entend mettre les droits de l’homme au coeur de l’action engagée par les Nations unies pour prévenir les conflits. Nous soutenons cette initiative, comme nous soutenons les initiatives visant à ce que le Conseil de sécurité puisse agir de façon rapide et efficace lorsque des populations sont menacées de crimes atroces.

Je citerai ici l’initiative lancée par la France et le Mexique pour que les membres permanents du Conseil de sécurité s’abstiennent de recourir au veto en cas d’atrocités de masse. Au-delà des membres permanents, tous les États membres doivent prendre leurs responsabilités pour que le Conseil de sécurité puisse agir de façon décisive afin de prévenir ou de mettre fin à des atrocités de masse. Nous sommes ainsi fiers d’avoir participé aujourd’hui au lancement du code de conduite relatif à l’action du Conseil de sécurité contre le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre. Ce code élaboré par le Groupe Responsabilité, Cohérence et Transparence, dont le Luxembourg est membre, est soutenu d’ores et déjà par (100) États membres.

Cette initiative montre que la célébration du 70e anniversaire des Nations unies est plus qu’un moment symbolique. Elle doit nous inspirer, nous donner un nouvel élan pour parfaire notre Organisation, pour redoubler d’efforts afin qu’elle corresponde aux idéaux tracés en 1945: des idéaux qui gardent toute leur pertinence, aujourd’hui et demain.
Engageons-nous tous pour une ONU forte pour un monde meilleur.
Je vous remercie."

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