Discours de Jean Asselborn à la "Luxembourg EU Pre-Presidency Conference" à Luxembourg

" (...) La Présidence luxembourgeoise est convaincue qu’il est besoin d’agir de manière résolue et déterminée dans le domaine de la migration"

"Monseigneur, Excellences, Mesdames, Messieurs,

Je souhaite d’abord remercier les membres de TEPSA d’avoir organisé cette conférence, consacrée aux enjeux d’actualité que l’Union européenne doit confronter. Je voudrais prendre cette occasion pour vous présenter les grandes lignes de la Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne. Dans quelques semaines, donc à partir du 1 juillet prochain, le Luxembourg prendra les rênes du Conseil de l’Union européenne. Pendant six mois, le Luxembourg sera responsable de mener à bien les travaux du Conseil dans ses différentes formations.

Si le Luxembourg exerce la présidence du Conseil des ministres déjà pour la douzième fois, il n’en demeure pas moins fier. Cette douzième Présidence aura lieu 10 ans après la dernière Présidence luxembourgeoise, celle de 2005. En remontant davantage dans le passé on constate que le Luxembourg, en tant que membre fondateur de l’Union européenne, a été témoin de toutes les phases du processus d’intégration européenne. Du projet initial, qui a unifié six pays, à l’Union de 28 États membres avec plus de 500 millions de citoyens que nous connaissons aujourd’hui, l’Europe a changé de manière considérable. Les évolutions institutionnelles sont particulièrement impressionnantes: pour le Luxembourg, la Présidence de 2015 sera la première depuis l’entrée en vigueur, le 1er décembre 2009, du Traité de Lisbonne - un traité qui a modifié de manière sensible les relations entre les différentes institutions européennes.

Pour le Luxembourg, la Présidence du Conseil de l’UE est une réelle opportunité. Elle nous permettra de mettre en évidence notre attachement et notre engagement au projet d’intégration européenne.  Elle nous permet de partager notre expertise et savoir-faire en la matière. Cette tâche qui nous est confiée nous permettra de mettre au service de l’Europe les qualités qui nous sont propres: la vocation de bâtir des ponts, la capacité de concilier des positions et des traditions différentes les unes des autres, ainsi que la volonté de s’investir dans la recherche de compromis.

C’est dans cette optique d’attachement à la construction européenne, aux valeurs et principes de l’Union, que la Présidence luxembourgeoise a défini une approche ouverte : être à l’écoute des citoyens, soutenir les entreprises, coopérer avec les partenaires et les institutions pour agir dans l’intérêt général européen.

La Présidence luxembourgeoise, dans le droit fil de ses traditions et convictions, s’efforcera de mettre le citoyen au cœur du projet européen. Plus que jamais, il importe de veiller à ce que l’intérêt réel et direct des citoyens soit mieux pris en compte dans l’ensemble des politiques de l’Union.  La mise à jour de l’accord interinstitutionnel "Mieux légiférer" se place aussi dans ce contexte et devra permettre d’élaborer une législation européenne plus appropriée, plus proche des besoins des citoyens et de renforcer la coopération entre les institutions.  

De manière générale, la Présidence luxembourgeoise s’inscrira dans la continuité. Le programme de la Présidence - qui définit les priorités pour le deuxième semestre - est l’expression de la volonté de la Présidence luxembourgeoise de pleinement contribuer au nouvel élan insufflé au processus d’intégration européenne par le nouveau cycle institutionnel.  Le programme stratégique pour l’Union à l’ère du changement, adopté par le Conseil européen des 26 et 27 juin 2014, reprend les principaux objectifs de l’Union européenne pour les cinq années à venir. La Présidence luxembourgeoise a élaboré un ensemble de priorités qui se place dans la pleine continuité de la mise en œuvre de cet agenda en tenant compte des orientations politiques du Président de la Commission et du programme de travail annuel de la Commission.
 
Passons maintenant aux grands enjeux de notre Présidence. Suite aux tragédies vécues par des milliers de migrants mettant leur vie en péril pour traverser la Méditerranée, la Présidence luxembourgeoise est convaincue qu’il est besoin d’agir de manière résolue et déterminée dans le domaine de la migration.

Comme vous le savez certainement, la Commission européenne a présenté, en date du 13 mai 2015, un agenda européen en matière de migration décrivant les mesures immédiates à prendre pour faire face à la situation de crise qui règne en Méditerranée ainsi que les actions à entreprendre au cours des prochaines années pour mieux gérer les migrations dans tous leurs aspects. Le 27 mai, la Commission a complété son agenda stratégique par des mesures concrètes sur la relocalisation et la réinstallation de réfugiés dans les Etats-membres de l’UE. Je peux vous rassurer que la Présidence luxembourgeoise prendra à cœur ce dossier important et s’engagera fermement pour que les discussions au sein du Conseil aboutissent et que des  mesures concrètes soient mises en œuvre.

Permettez-moi de concrétiser ce point. La Présidence luxembourgeoise poursuivra avec un haut degré de priorité les actions, dans le but de sauver des vies et de mener une politique d’immigration efficace, juste et crédible. Tous les moyens d’action communs sont à mobiliser contre les activités des trafiquants et des passeurs. La forte pression aux frontières extérieures et sur les systèmes d’asile nationaux  requiert un renouvellement de nos politiques. Il est nécessaire d’améliorer la gestion des migrations par un renforcement de la solidarité entre les Etats membres et par une intensification de la coopération avec les pays tiers.   La question de la migration légale devra être abordée dans ce contexte, afin de faire de l'Union européenne une destination attrayante pour les talents et les compétences.

L’année européenne pour le développement sera en plus l’occasion pour thématiser le lien entre le développement et les phénomènes migratoires. Dans ce sens, l’approfondissement de la coopération avec les pays tiers d’origine, de transit et d’accueil occupera une place centrale dans les travaux de la Présidence.

Maintenant, je voudrais attirer votre attention sur un autre enjeu qui est d’une importance majeure – l’état de l’économie de l’UE. Les répercussions de la crise économique sont toujours visibles et exigent de nous des actions résolues. Générer de la croissance économique et créer de l’emploi, c’est ce que nos citoyens attendent des dirigeants politiques, tant au niveau national qu’européen.

Au-delà d’une politique d’investissement ambitieuse, le commerce international libre et équitable est un autre levier de première importance pour stimuler la croissance et créer des emplois en Europe. Le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) est un accord d'une importance stratégique à cet égard, qui sera déterminant pour le commerce mondial à condition que les normes élevées en matière de protection de l'environnement et des consommateurs, des travailleurs et de préservation des biens publics soient respectées.

Les discussions transatlantiques sur le TTIP gagneront en intensité au cours du second semestre 2015 et le Luxembourg s’efforcera de faire avancer les travaux. La Présidence Luxembourgeoise attachera une importance particulière aux débats autour des mécanismes de règlement des différends investisseurs-Etat (ISDS), ainsi qu’aux autres questions plus sensibles. Je peux vous assurer qu’elle œuvrera en faveur d’un maximum de transparence dans le processus de négociations.  Les récents travaux au sein de la Commission INTA (International Trade) du Parlement européen ont pavé le chemin et vont dans le bons sens.  Je suis optimiste que la proposition pour un nouveau règlement des différentes investisseurs-Etat, en fait un ISDS nouvelle génération, constitue un développement qui permettra de progresser.

Afin d’assurer davantage de transparence et en vue de renforcer le dialogue, la Présidence luxembourgeoise organisera, en automne à Bruxelles, ensemble avec le Parlement européen, la Commission et le Comité économique et social de l’Union européenne une importante conférence sur le TTIP avec les partenaires sociaux des Etats membres.

En termes de négociations multilatérales les principaux objectifs de notre Présidence seront la préparation de la dixième réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Nairobi et une conclusion de l’accord plurilatéral sur les biens environnementaux.

Notre engagement pour le commerce libre et équitable, l’engagement pour la croissance et l’emploi doit avoir pour contrepartie un engagement sans équivoque pour la dimension sociale. En effet, approfondir la dimension sociale européenne constituera une priorité clé de notre Présidence. Le chômage, notamment des jeunes, a fortement augmenté dans l’Union et les inégalités se sont creusées. Il s’agit là d’une tendance fortement inquiétante, d’autant plus que le projet européen se distingue depuis ses débuts par une dimension sociale solide qui lui a assuré pendant longtemps l’adhésion des citoyens. Il importe à présent de renouer avec cette dimension de l’Union.

La Présidence luxembourgeoise soutiendra l’idée lancée par le Président de la Commission européenne d’une Europe "triple A social" . C’est notre ambition - en effet, notre engagement - que le renforcement économique de notre Union aille de pair avec l'amélioration de la vie de nos citoyens.  Cette approche est au cœur du modèle social européen et un élément important de notre économie sociale de marché.

L’accent sera mis sur l’investissement social et tout particulièrement sur l’investissement dans le capital humain, à savoir les compétences. Je souhaite souligner dans ce contexte qu’une attention singulière sera portée au volet des compétences dans les technologies de l’information. C’est là une preuve de l’engagement de la Présidence luxembourgeoise pour le marché intérieur numérique.

La Présidence luxembourgeois estime par ailleurs que les gouvernements nationaux doivent continuer à améliorer la performance de leurs marchés du travail. Je souhaite mentionner quelques mesures concrètes: d’un côté, il s’agit d’améliorer la transition entre le monde de l’éducation et le monde du travail et de  faciliter l’insertion des jeunes à l’aide de la garantie pour la jeunesse. Mais il est également important de favoriser l’accès à l’emploi des groupes plus éloignés du marché du travail.

En ce qui concerne la gouvernance de l’Union économique et monétaire et de la zone euro, la dimension sociale doit davantage être prise en compte. En effet, il est important de mieux saisir les liens entre les préoccupations sociales et les défis macroéconomiques et d’assurer un suivi renforcé des aspects de politique sociale. 

Dans l’ensemble, il est besoin de faire avancer l’agenda social.

Si l’investissement en Europe a reculé de manière importante depuis le début de la crise économique, la Présidence luxembourgeoise partage l’avis de la Commission européenne que nous avons besoin de mesures concrètes destinées à libérer l’investissement pour la croissance et l’emploi.

D’une manière générale, l’action de la Présidence luxembourgeoise s’inscrira dans la foulée du plan d’investissement pour l’Europe du Président de la Commission Jean-Claude Juncker, visant à libérer jusqu’à 315 milliards d’euros pour l’investissement en Europe. Mais le volet financier du plan d’investissement ne représente qu’une partie de la tâche. Des mesures tangibles visant à rendre l’Europe plus attrayante aux investissements devront compléter l’effort afin de démultiplier les effets du plan d’investissement.

La Présidence luxembourgeoise encouragera les initiatives prises par la Commission européenne à cet effet. Dans cette optique, une des initiatives phares sera la mise en place d’une véritable union des marchés des capitaux. L’Union européenne doit progresser vers une situation permettant d’obtenir, que ce soit pour une PME ou une grande entreprise, un financement sur des marchés de capitaux dans n’importe quel État membre.

Le nouveau cadre règlementaire devrait aussi servir à encourager l’investissement au-delà des marchés de capitaux. Il faut donc créer des stimulants pour d’autres secteurs, par une amélioration de l’environnement des entreprises, afin de libérer le potentiel d’investissement pour la croissance et l’emploi.

La Présidence luxembourgeoise poursuivra aussi les efforts de l’UE visant à mettre en œuvre une véritable politique industrielle européenne, y compris par exemple dans le secteur de l’industrie spatiale et celui de la sidérurgie, en intégrant systématiquement l’impératif de compétitivité dans tous les domaines d’action de l’Union.

La recherche et l’innovation (R&I) figurent parmi les priorités de la stratégie Europe 2020 en faveur d’une croissance intelligente, durable et inclusive. La pierre angulaire de la politique européenne est le développement de l’Espace européen de la Recherche (EER) qui permettra d’exploiter pleinement les potentialités du marché unique des chercheurs et des connaissances.  Pour ce faire, la Présidence s’efforcera d’améliorer la coordination et la cohérence des politiques de recherche au niveau européen et de tirer pleinement profit de la diversité des systèmes nationaux de R&I.

Monseigneur, excellences, Mesdames, Messieurs,

L’Europe ne manque pas de chantiers. Cependant, pour la Présidence luxembourgeoise, un chantier crucial sera l’appui de la compétitivité européenne – c’est là un défi qui s’inscrit dans un cadre global et transparent.

Suite à la présentation du rapport des quatre Présidents sur l’achèvement de l’Union économique et monétaire (UEM) la Présidence luxembourgeoise entend assurer le suivi dans une approche visant à intégrer les quatre piliers de la construction de l’UEM (budgétaire, économique, bancaire et politique), pour l’instant développés à des rythmes différents, afin de favoriser un retour à la croissance et à l’emploi dans un cadre de solidarité et de discipline budgétaire, mais aussi d’une Europe plus sociale.

Qui dit croissance durable et équilibrée dit lutte contre la fraude et contre l’évasion fiscale. Il s’agit ici d’une importante priorité que le Luxembourg entend situer dans un cadre global afin d’assurer que toute concurrence soit loyale. L’Union européenne devra inscrire son action dans la foulée des décisions prises et à venir au sein du G20 et de l’OCDE. La transparence et la mise en place d’un "level playing field" au niveau mondial sont les conditions de l’efficacité de cette lutte.

Toute en veillant au respect de l’acquis du marché intérieur en particulier en matière de libre circulation des capitaux et du droit d’établissement, la Présidence luxembourgeoise a comme objectif d’aboutir sur la proposition relative à la transparence et à l’échange d’informations sur les rescrits fiscaux. Elle espère également de faire avancer les travaux sur la directive relative à l’assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés (ACCIS).

Les avancées attendues dans le contexte des travaux de l’OCDE sur le BEPS ("base erosion and profit shifting") inspireront l’approche de l’Union européenne au second semestre 2015.

En matière de fiscalité la Présidence luxembourgeoise compte assumer, et cela va sans dire, pleinement ses responsabilités pour faire progresser les travaux de l’Union et pour continuer à développer la politique en matière de fiscalité de l’Union

La Présidence luxembourgeoise permettra au Luxembourg de faire part de son engagement pour le marché intérieur – l’un des grands piliers de projet européen. De manière concrète, notre engagement s’exprime par la volonté de rendre sa dynamique au marché intérieur, et cela d’autant plus que la génération d’emplois et de croissance passent avant tout par l’approfondissement et le bon fonctionnement du marché intérieur.

Cet approfondissement devra se faire surtout dans le domaine numérique, dont le potentiel reste sous-exploité. La Présidence luxembourgeoise s’engage à donner une priorité transversale au numérique et à le placer au cœur de sa politique pour le marché intérieur. Ainsi, nous allons œuvrer pour le démantèlement des barrières qui continuent à fragmenter le marché intérieur numérique en 28 "mini marchés" nationaux. Le développement des compétences numériques est un autre levier sur lequel la Présidence va fortement miser pour faire décoller l’économie numérique européenne.

Afin de contribuer à un approfondissement du marché intérieur, la Présidence luxembourgeoise encouragera le recours aux instruments réglementaires et non réglementaires les plus efficaces, à savoir la l’harmonisation et la reconnaissance mutuelle. L’examen du futur paquet "marché intérieur des biens et des services" constituera une priorité pour notre Présidence.

Un meilleur fonctionnement du marché intérieur requiert aussi une politique européenne ambitieuse dans les domaines de l’énergie et du transport. L’Union de l’énergie proposée par la Commission favorise l’émergence d’une stratégie énergétique horizontale qui fait preuve d’ambition. La Présidence mettra l’accent sur la transition énergétique via les secteurs des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, en tant que moteurs essentiels de la croissance verte et durable, créateurs de richesses et d’emplois.

Dans le domaine du transport, la Présidence luxembourgeoise contribuera à la réalisation des objectifs de la politique européenne des transports qui visent la promotion d’une mobilité efficace, sûre, fiable, accessible et socialement responsable ainsi que la création de conditions adaptées pour une industrie des transports durable, innovante et génératrice d’emplois de qualité et de bonnes conditions de travail.

Si la Présidence luxembourgeoise est très attachée aux principes du marché intérieur, celui du développement durable devra également jouer un rôle particulier. La Présidence luxembourgeoise sera une Présidence tournée vers à l’avenir dans le but de promouvoir une démarche de développement durable. Certes, une croissance économique durable et au service du citoyen va de pair avec la plus haute ambition environnementale. Cela étant, la Présidence luxembourgeoise s’efforcera d’accélérer la transition vers une économie verte à faibles émissions de gaz à effet de serre en créant les dynamiques nécessaires à l’émergence d’une société sûre et durable. Elle promouvra aussi une économie innovante, circulaire et compétitive, sobre en énergie, préservant la biodiversité et les ressources naturelles, évitant le gaspillage et favorisant le recyclage au meilleur coût.

Cette ambition indispensable guidera la Présidence dans les dossiers législatifs en cours, tels que ceux relatifs à la qualité de l’air ou à la réduction des émissions de CO2.

L’exigence de durabilité sera également au centre de l’action de la Présidence en vue des diverses échéances internationales qui domineront l’agenda global, qu’il s’agisse du Sommet spécial pour le développement durable en septembre à New York ou de la 21ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) en décembre à Paris. Lors de la Conférence de Paris sur les changements climatiques, les négociations internationales devront aboutir à l’adoption d’un nouveau traité ambitieux et contraignant à participation globale. Cet accord permettra de maintenir le réchauffement climatique en dessous de deux degrés. La Présidence luxembourgeoise préparera un mandat de négociation ambitieux et représentera, ensemble avec la Commission européenne, l’Union européenne dans les négociations qui se poursuivront pendant tout le deuxième semestre. Elle mettra par ailleurs un accent particulier sur la question du financement climatique.

Enfin, le principe de durabilité dominera également l’action de la Présidence dans le domaine de l’agriculture et de la pêche.

Avant de me tourner vers la dimension extérieure de l’UE – qui, elle, devra également jouer un rôle clé – permettez-moi de vous faire part des objectifs de la Présidence luxembourgeoise dans le domaine de la justice.

Dans ce contexte, je souhaite avant tout aborder le principe de l’État de droit. La Présidence luxembourgeoise considère également que l’Union européenne doit être déterminée à consolider et à promouvoir les valeurs fondamentales sur lesquelles elle se fonde. Le respect de l’État de droit en fait partie. La Présidence luxembourgeoise a ainsi l’intention de lancer un premier dialogue entre les Etats membres en vue de défendre et de sauvegarder l’État de droit au sein de l’UE.

La réforme de la Cour de Justice de l’Union européenne, à savoir l’augmentation du nombre de juges au Tribunal de l’Union européenne, sera une priorité pour la Présidence luxembourgeoise. La Présidence s’engagera également en faveur de la finalisation de la réforme en matière de protection des données personnelles et vise une conclusion des négociations sur le nouveau cadre réglementaire en matière de protection des données d’ici la fin de l’année.

Autre dossier qui figure parmi les priorités de la Présidence – c’est sans doute la lutte contre le terrorisme. La Présidence poursuivra vigoureusement la mise en œuvre des mesures et actions décidées par les chefs d’État ou de gouvernement le 12 février 2015, suite aux attentats de Paris. Nous sommes convaincus que les attentats de ce début d’année exigent une réponse forte et unie. La Présidence luxembourgeoise soutient surtout la mise en place d’un système européen pour la collecte des données des passagers (PNR). Il faudra maximiser le potentiel des outils existants et développer de nouveaux instruments, ceci dans le plein respect des droits de l’homme et de l’État de droit. La réponse de l’Union européenne à la menace posée par les flux importants de résidents et citoyens partis rejoindre des groupes terroristes en Syrie et en Irak, et leur retour potentiel en Europe, demeure un dossier d’une importance majeure.

Je souhaite mentionner une autre priorité de notre Présidence: c’est la définition, le lancement et le suivi de la nouvelle stratégie de sécurité intérieure de l’UE pour la période 2015-2020. Il est vrai que la sécurité intérieure est d’abord de la responsabilité des États membres, mais le Luxembourg est convaincu que l’Union européenne peut apporter une valeur ajoutée en la matière, surtout à travers de ses agences. En effet, nous nous engagerons afin que l’Office européen de police (Europol) et le Collège européen de police (Cepol) se voient dotés de règlements leur permettant de développer au maximum leur potentiel.

Finalement, je souhaite indiquer que la Présidence luxembourgeoise s’attèlera à conclure les négociations au niveau du Conseil de manière à permettre une mise en place du Parquet européen en 2016 et ce conformément aux conclusions du Conseil européen des 12 et 13 décembre 2003.

Dans ce domaine, la Présidence luxembourgeoise s’engagera à renforcer la présence de l’Union européenne dans le monde et appuiera donc – et ce sans faille - la Haute Représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

La Présidence luxembourgeoise s’engagera en vue d’un approfondissement des relations existantes avec les plus proches partenaires de l’Union européenne, sans remise en question des principes fondamentaux de l’intégration européenne qui sont à la base de la construction du marché unique: l’application uniforme de l’acquis de l’Union européenne et la libre circulation des personnes.

La Présidence luxembourgeoise estime que la perspective d’adhésion reste un puissant moteur pour les réformes aux frontières européennes, au bénéfice de la stabilité et de la prospérité du continent tout entier. Pour cette raison, la Présidence accordera une attention toute particulière à la politique d’élargissement. Sur la base d’un "paquet élargissement" 2015 remodelé par la Commission européenne, nous veillerons à l’adoption consensuelle des conclusions "élargissement" annuelles en décembre. La Présidence encouragera l’ouverture de nouveaux chapitres de négociation avec la Turquie, le Monténégro et la Serbie dès que les conditions seront remplies, de même que la poursuite sur le chemin vers l’intégration européenne des partenaires macédoniens et albanais. La signature et la conclusion de l’accord de stabilisation et d’association avec le Kosovo, l’entrée en vigueur de l’accord de stabilisation et d’association avec la Bosnie-Herzégovine ou encore la modernisation de l’Union douanière avec la Turquie sont d’autres dossiers où la Présidence luxembourgeoise encouragera des progrès.

Sur base d’une communication de la Commission relative à la politique européenne de voisinage, la Présidence contribuera aux travaux afin d’actualiser cette politique en vue de l’adoption de conclusions au Conseil européen avant la fin 2015.

Toujours dans le domaine des relations extérieures de l’UE, la Présidence accueillera au Luxembourg la réunion ministérielle du Dialogue Europe-Asie ("ASEM") au mois de novembre 2015.

Enfin, quant à la politique de développement, l’année 2015 sera une année charnière pour fixer le cadre de développement de l’après – 2015, mais aussi parce qu’elle a été nommée Année européenne pour le développement. De nombreuses activités seront organisées pour informer et sensibiliser les citoyens européens. La Présidence luxembourgeoise accueillera la cérémonie de clôture de l’année européenne pour le développement en décembre 2015.

Monseigneur, Excellences, Mesdames, Messieurs,

C’est à travers ces sept grands axes que la Présidence luxembourgeoise s’engagera pour faire avancer le projet d’intégration européenne et pour faire en sorte que notre Union soit mieux équipée pour affronter les défis de notre temps.

Je ne peux pas conclure sans dire un mot sur deux dossiers européens qui sont à la une.

Le maintien de la Grèce dans le zone Euro et le referendum annoncé par le Premier Ministre britannique sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union.

La Grèce a sa place dans la zone Euro et je suis convaincu que les institutions et les autorités grecques sont en mesure de trouver une solution dans les heures ou jours qui suivent.  Certes, il faut des efforts de ceux côtés.  Certes, il faut persévérer dans la recherche d’un compromis qui devra permettra à la Grèce de respirer et d’entamer sereinement les réformes qui s’imposent.    

Il y a quelques semaines, avant les élections législatives, j’ai eu un dîner avec Philip Hammond, ici au Luxembourg. Il était très optimiste, mais je ne pense pas qu'il s’attendait à une telle victoire de son parti. Le Premier Ministre David Cameron a réitéré l'engagement de tenir un référendum  sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne (UE) d'ici la fin de 2017. Nous allons écouter attentivement les propositions du gouvernement britannique et je suis convaincu qu'il y a beaucoup des terrains d’entente pour trouver des solutions. Mais, il y a aussi un "acquis communautaire" qui ne peut pas être remis en question. J’espère sincèrement que le référendum aura un résultat positif et que le Royaume-Uni restera avec nous. La Présidence luxembourgeoise est prête à contribuer à cet objectif. Je ne peux m’imaginer un Royaume-Uni sans l’Union, ni uneUnion sans le Royaume-Uni.

Permettez-moi de conclure en affirmant que le Luxembourg est prêt à assumer ses responsabilités à partir du 1er juillet. Tant au niveau de mon gouvernement que dans les différentes administrations, une grande volonté et détermination existe pour faire de cette douzième Présidence luxembourgeoise un succès pour l’Union européenne et ses citoyens.

Je vous remercie."

                       

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