Interview de Jean Asselborn avec le Luxemburger Wort

"L'objectif pour nous reste le même: éviter à tout prix un 'Grexit' "

Interview: Luxemburger Wort

Luxemburger Wort: Le peuple grec s'est prononcé. Êtes-vous surpris par l'ampleur du "non"?

Jean Asselborn: Non, je ne suis pas surpris. Les Grecs ont voté dans le sens de ce que souhaitait Alexis Tsipras, or le Premier ministre grec est resté très populaire, très apprécié tout au long de cette affaire. Son ministre des Finances cependant a déclaré que ses interlocuteurs européens s'étaient livrés à une forme de "terrorisme". Va-t-il négocier maintenant avec des terroristes?

Luxemburger Wort: Sur quelles bases négocierait-on désormais?

Jean Asselborn: Sur les bases d'ores et déjà existantes. Nos propositions sont sur la table! Des solutions ont été élaborées, notamment pour une restructuration de la dette. La balle maintenant est dans le camp des Grecs. À eux désormais de faire des propositions, sous condition de négocier sans jouer au poker. L'objectif pour nous reste le même: éviter à tout prix un "Grexit". Des milliers de personnes en Grèce n'ont plus de couverture sociale, des milliers d'entre eux ne sont plus payés, mangent aux soupes populaires, et les banques pendant ce temps ne fonctionnent plus. Il faut trouver une solution qui dans l'intérêt des Grecs avant tout permette le retour à une forme de normalité. Mais, je le répète, la balle est dans le camp de leur gouvernement. Quant au plan politique, j'observe ici et là en Europe, ce soir, de bruyantes manifestations de satisfaction. De quoi faudrait-il se réjouir? Voir simplement dans le vote du peuple grec une "victoire sur les institutions" est une analyse qui me paraît trop courte, beaucoup trop courte.

Luxemburger Wort: On a reproché au gouvernement luxembourgeois de s'être peu exprimé en cette affaire...

Jean Asselborn: Notre gouvernement a toujours été sur la ligne définie avec les 18 partenaires européens impliqués dans les négociations. Nous avons fait preuve d'une indéniable cohésion.

Luxemburger Wort: Ce n'est pas la cohésion qui est en cause, mais le fait que le Luxembourg n'en ait guère rendu compte...

Jean Asselborn: Une ligne a été définie, qui a été régulièrement communiquée par les instances responsables.

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