Interview: Luxemburger Wort
Luxemburger Wort: Pourquoi cette visite? S'agira-t-il d'un soutien au gouvernement irakien ou à l'administration kurde?
Jean Asselborn: Il s'agit de soutenir tous ceux qui prônent le retour au calme dans le respect des droits de l'Homme. Mais aussi de saluer le président Barzani, à la tête d'une entité kurde qui avec ses peshmergas constitue actuellement l'unique rempart au sol contre l'avancée de Daesh.
Luxemburger Wort: Les Kurdes gagnent ces jours-ci un regain de faveur internationale...
Jean Asselborn: Parce que les Kurdes, face à l'obscurantisme auquel ils s'opposent, sont actuellement un modèle pour la région, par l'ouverture qu'ils pratiquent, par leur refus de l'exclusion confessionnelle, par la parité qu'ils ont instaurée entre hommes et femmes, dans leurs instances représentatives comme au front. Enfin et surtout, il convient de rendre hommage à ces Kurdes qui ont accueilli 1,5 million de réfugiés.
Luxemburger Wort: Dont des communautés comme les Yazidis. Les rencontrerez-vous?
Jean Asselborn: Nous visiterons des camps de réfugiés, oui. Les Yazidis notamment, une communauté qui aux yeux des Nations unies a fait l'objet d'un "génocide".
Luxemburger Wort: Le soutien aux Kurdes va-t-il attiser leurs aspirations autonomistes?
Jean Asselborn: Les Kurdes d'Irak ont fait une grande avancée déjà en gagnant le droit de vendre du pétrole à la Turquie. Représentant 17% de la population en Irak ils se voient octroyer, par ailleurs, 17% des revenus du pays. Tant que la menace Daesh restera à l'ordre du jour on peut supposer que M. Barzani n'ira pas plus loin.
Luxemburger Wort: On peut imaginer que cette visite ne sera pas un parcours de santé...
Jean Asselborn: Pas vraiment. Déjà les conditions d'accès par voie aérienne sont compliquées, et la question de la sécurité est posée. Ce sera un voyage très particulier, très sensible.