Jean Asselborn au sujet de sa visite de travail en Iran

"Il ne s'agit pas d'aller à Téhéran ou à Ispahan avec un gros marteau"

Luxemburger Wort (Gaston Carré): Un moment "historique", ce voyage en Iran? Et qu'est-ce qui vous vaut cet honneur?

Jean Asselborn: Historique, oui, dans la mesure où ce sera mon premier déplacement en Iran, tandis que très peu de ministres européens ont pu s'y rendre durant les dix années écoulées. Je pense que notre présence au Conseil de sécurité des Nations unies aura beaucoup pesé dans cette invitation qui nous a été adressée par Téhéran, qui au demeurant sait que l'influence du Luxembourg est sans commune mesure avec l'étendue de son territoire.

Luxemburger Wort: Quelles sont vos attentes face au dossier nucléaire, sachant le double pouvoir qui s'exerce en Iran?

Jean Asselborn: Le président Rohani a largement ouvert les vannes pour une avancée en ce domaine, et s'il est vrai que le pouvoir en Iran est exercé à la fois par le président et le Guide suprême de la Révolution, Rohani semble toutefois disposer de l'entière confiance de l'ayatollah Khamenei. Nous sommes, dans le round de négociations actuel, à quelques semaines de l'échéance du 20 juillet, et l'ouverture pour une percée est considérable. Notre attente est claire: nous voulons, pour l'AIEA, un contrôle de l'uranium iranien qui puisse nous assurer que le programme nucléaire de Téhéran n'est pas à visée militaire mais à vocation civile, tout-à--fait légitime d'ailleurs.

Luxemburger Wort: Quel sera votre message à l'adresse de vos interlocuteurs, notamment le président Rohani et votre homologue Jawad Zarif?

Jean Asselborn: Je pense qu'il ne s'agit pas d'aller à Téhéran ou à Ispahan avec un gros marteau, un attitude trop péremptoire et un discours excessivement professoral. Concernant le dossier nucléaire mon message sera ferme, sachant l'importance capitale de cet enjeu et les craintes que l'Iran Suscite encore en Occident, même si le nouveau président a calmé le jeu après les provocations de son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad. Cependant on ne saurait réduire nos rapports avec l'Iran à la seule problématique nucléaire. L'lran est un pays au passé prestigieux, un pays immense, dont l'influence est considérable au Moyen-Orient et par-delà. Or, alors que le conflit israélo-palestinien reste encore et toujours à l'oeuvre, alors qu'en Syrie se poursuit la guerre et que de façon générale le Moyen-Orient demeure une région dont les destinées sont décisives pour une part importante de la planète, face à tous ces enjeux donc je voudrais tenir un discours clair mais, aussi, dire à Téhéran que nous avons besoin de l'Iran. Je le répète: l'ouverture de ce pays est plus considérable que jamais, et il faut savoir la mettre à profit par le dialogue.

Dernière mise à jour