Jean Asselborn sur la situation en Ukraine

"L’Union européenne doit être très, très forte"

Lancement (Radio Télévision Suisse):

Après les crises simulées sur des jeux, les crises réelles, et notamment la crise ukrainienne, l’OSCE, seul acteur possible de la médiation en Ukraine ? C’est l’avis en tout cas des ministres européens des affaires étrangères après une réunion de deux heures et demie hier soir avec Didier Burkhalter, son président en exercice.

Alors, tous les ministres ne sont pas aussi favorables à l’OSCE que le Luxembourgeois Jean Asselborn qu’on va entendre dans un instant.

Mais au final, tous se sont ralliés à une déclaration qui soutient au moins les efforts de Didier Burkhalter entre guillemets, pour ramener le dialogue et la désescalade sur place en Ukraine.

On va donc écouter Jean Asselborn, le ministre luxembourgeois des affaires étrangères. Il est avec notre correspondant à Bruxelles, Alain Franco.

Interview d’Alain Franco (Radio Télévision Suisse):

Jean Asselborn: Je vois un soutien sans failles à l’OSCE et puis aussi à la personnalité de son président en exercice, monsieur Burkhalter. Il n’y a en fait aucune alternative.

Il faut bien voir que les Nations unies ont pris des décisions. Mais diplomatiquement pour sortir du trou, il faut une organisation internationale dans laquelle sont représentés la Russie, les États-Unis, l’Europe, avec beaucoup de pays importants aussi comme la Suisse, pour responsabiliser aussi tous ceux qui veulent sortir de cette crise. Et c’est l’OSCE.

Ce qui est très important, c’est que l’OSCE puisse stimuler le dialogue intra ukrainien avant le 25, donc avant les élections présidentielles. Donc il faut faire vite.

Alain Franco: Alors, on a bien compris, Jean Asselborn, vous êtes un fervent soutien de l’OSCE et de son action. Mais certains au sein de l’Union européenne ne partagent pas tout à fait votre point de vue. Les Polonais sont plus réservés, les Suédois sont plus réservés notamment parce qu’ils disent les Russes sont à l’intérieur de l’OSCE, ils peuvent en quelque sorte manipuler l’OSCE. Vous comprenez quand même ces réserves?

Jean Asselborn: L’Europe, c’est une association solidaire. Il arrive parfois parmi les 28, sur des thèmes très sensibles, qu’on exprime sa particularité. Ici je dois vous dire, à la fin du compte il n’y a personne, ni les pays que vous avez mentionnés, ni d’autres qui ont remis en cause les conclusions. Et dans les conclusions nous lisons “Europeen Union welcomes”. Et si on dit “welcomes”, ça veut dire qu’on s’identifie aussi avec la feuille de route de l’OSCE, telle que proposée par le président suisse. Donc ça va solidairement dans la bonne direction.

Alain Franco: Que peuvent faire les États membres pour aider justement l’OSCE?

On peut envoyer des hommes, est-ce qu’on peut donner du savoir-faire, de l’expertise?

Jean Asselborn: Oui. Le président Burkhalter nous a dit un mot très important. Il a dit, de plus en plus on cherche des médiateurs, c’est-à-dire des gens qui peuvent aussi parler avec ceux qui ont des problèmes entre eux, surtout à l’est. Donc là, l’Union européenne doit être très, très forte. Et surtout, le plus important c’est que, avec la diplomatie, dont nous disposons, l’Union européenne doit soutenir le président Burkhalter d’avoir un contact infaillible, tant avec les Russes qu’avec d’autres grandes nations sur la planète.

Et surtout aussi que l’Union européenne ouvre ses portes, ses cœurs pour que cela puisse réussir. C’est très difficile, mais à mon avis c’est la seule issue.

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