Intervention de Jean Asselborn à la 21ème réunion du Conseil ministériel de l’OSCE à Bâle

"Il ne peut y avoir qu’une solution politique durable au conflit en Ukraine "

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    Frank-Walter Steinmeier et Jean Asselborn au Conseil ministeriel de l'OSCE
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    Jean Asselborn au Conseil ministeriel de l'OSCE
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    Jean Asselborn au Conseil ministeriel de l'OSCE

Monsieur le Président,

Chers Collègues,

Excellences

Mesdames, Messieurs,

Le Luxembourg s’associe pleinement à la déclaration que la  Haute Représentante Federica Mogherini a faite au nom de l’Union européenne.

En 2014 nombre de principes les plus fondamentaux de notre organisation ont été bafoués. Nous avons à faire face à un bouleversement de l’architecture européenne de sécurité et la crise ukrainienne nous a rappelé de manière brutale que la guerre est toujours possible sur le continent européen !

L’annexion illégale de la Crimée est une violation flagrante du droit international, de la Charte des Nations Unies et des principes d’Helsinki. Cette annexion a remis en cause les frontières en Europe et les conséquences sont très graves pour la communauté internationale.

Si la loi du plus fort et le nationalisme prennent le dessus et ne laissent plus d’espace au multilatéralisme alors, la paix et la sécurité sont en danger. Il faut contrer ces tendances négatives et rétablir le droit international.

Le Luxembourg est très préoccupé par la plus grave crise sécuritaire qui fait rage en Europe depuis la chute du mur de Berlin il y a vingt-cinq ans! Les victimes se comptent désormais par milliers, parmi les combattants et aussi dans la population civile. Depuis le début du conflit, presque 4.300 personnes ont laissé leur vie, dont plus de 1.000 morts depuis la mise en place du cessez-le-feu en septembre.  

Il ne peut y avoir qu’une solution politique durable au conflit en Ukraine !

Nous nous félicitons de l’approbation, dans le cadre du groupe de contact trilatéral, du protocole et du mémorandum de Minsk qui constituent un pas positif vers une solution politique durable à la crise qui doit être fondée sur le respect de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

Il faut maintenant redoubler d’efforts pour que les parties mettent en œuvre tous les engagements pris dans les documents de Minsk. Moscou doit ainsi contribuer à la désescalade en usant de son influence pour raisonner les séparatistes et le nouveau gouvernement ukrainien devrait porter une attention particulière aux éléments de l’accord de Minsk ayant trait à la décentralisation du pouvoir et à l’octroi d’un statut spécial aux régions de Donetsk et Lougansk. 

Le Luxembourg espère que ce dialogue va se poursuivre et mènera à des résultats tangibles. Il n’est dans l’intérêt de personne qu’un nouveau conflit s’enracine sur le continent européen.

Le Luxembourg soutient l’action de l’OSCE en Ukraine. Nous avons fait une contribution volontaire de 100.000 € à la mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine et nous venons de décider de mettre une contribution volontaire supplémentaire à la disposition de cette mission. Nous nous efforçons aussi d’identifier une personne qui pourrait rejoindre la mission spéciale.

Mais, je dois aussi exprimer ma préoccupation au regard du peu de progrès enregistré dans un nombre d’engagements que nous avons pris dans les autres domaines d’action de notre Organisation. Dans de nombreux domaines clés je constate même un recul alors que notre espace commun doit faire face à un nombre croissant de défis sécuritaires.

Ainsi, dans le cadre de la mise à jour du Document de Vienne 2011, le Luxembourg voudrait par exemple accroître la prévisibilité et la transparence dans le domaine militaire, en particulier en relation avec les évènements qui ont eu lieu en Ukraine. Le Luxembourg soutient toutes les initiatives pour abaisser les seuils de notification des activités militaires et améliorer l’échange annuel des données militaires. Nous devons être ambitieux et éviter justement qu’un conflit ne soit initié sur bases d’informations erronées. Le contrôle des armements conventionnels en Europe est aussi dans une impasse. Il faudra impérativement relancer les négociations afin d’obtenir le degré de sécurité le plus élevé avec le niveau d’armement le plus bas.

Monsieur le Président,

Les trois dimensions sécuritaires définies dans l’Acte d’Helsinki sont la référence que nos Etats se sont donnés en 1975. Elles doivent continuer de nous guider à l’avenir. Le Luxembourg continue de soutenir fermement l’action de l’OSCE et je reconfirme notre engagement sans faille en faveur de la sécurité et de la stabilité en Europe. 

Monsieur le Président,

Pour conclure, je saisis l’occasion pour féliciter le Président Didier Burkhalter et toute son équipe pour l’engagement qui fut le leur pendant cette année extraordinaire et combien difficile. Permettez-moi de mentionner aussi la déléguée suisse dans le groupe de contact trilatéral sur la crise en Ukraine, l’Ambassadeur Heidi Tagliavini, cheville ouvrière d’une action déterminée et tenace.

Nos vœux accompagnent la future Présidence serbe que j’assure de notre appui dans l’importante tâche qui est devant elle.

Je vous remercie de votre attention.

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