Discours de Francine Closener à l’occasion de la cérémonie commémorative du massacre de Slonsk

"Déi Lëtzebuerger, déi deemools vun der SS higeriicht gi sinn, waren net vill méi al, wéi déi meescht vun iech Schüler. Mir hunn hinnen an hirem Courage vill ze verdanken. Datt mer hinne gedenken ass Deel vun eiser Verpflichtung hinnen géint iwwer, hiert Affer net ze vergiessen."

Monsieur le Président de la Chambre des Députés,

Excellence,

Mesdames et Messieurs les Conseillers d’Ambassade,

Chers représentants de l’Amicale Albert Ungeheuer,

Chers représentants d’autres comités et d’associations du souvenir,

Monsieur le Directeur,

Chers élèves,

Chers parents d’élèves,

Mesdames et Messieurs,

Il y a 69 ans et quatre jours, le 27 janvier 1945, les troupes de l’Armée rouge libérèrent le camp de Auschwitz-Birkenau, le plus grand camp d’extermination du régime nazi. Quelques 7.000 détenus y étaient encore présents, laissées à leurs sorts par les bourreaux SS.

Deux jours plus tard, le 29 janvier 1945, d’autres unités de l’Armée soviétique s’approchaient de la localité polonaise de Slonsk, Sonnenburg en allemand, où  environ 1.000 personnes étaient détenues dans une prison. Cependant, pour 819 de ces prisonniers, dont 91 jeunes hommes luxembourgeois, les libérateurs soviétiques allaient arriver trop tard.

Dans la nuit du 30 au 31 janvier, ces détenus, pour la plupart des réfractaires et résistants au régime nazi, sont fusillés de sang-froid par un commando SS. Leurs cadavres sont découverts le 2 février quand une unité de l’armée rouge libère Sonnenburg et sa prison.

Ce massacre de Sonnenburg, constitue à côté du sort de la population juive de notre pays, un des crimes de guerre le plus important perpétré envers le Luxembourg et ses citoyens durant la Seconde Guerre mondiale.

Mesdames et Messieurs, chers élèves,

Au terme de cette journée de commémoration, je voudrais moi aussi souligner une fois de plus l’importance énorme du devoir de mémoire, que nous nous devons d’accomplir.

Déi Lëtzebuerger, déi deemools vun der SS higeriicht gi sinn, waren net vill méi al, wéi déi meescht vun iech Schüler. Mir hunn hinnen an hirem Courage vill ze verdanken. Datt mer hinne gedenken ass Deel vun eiser Verpflichtung hinnen géint iwwer, hiert Affer net ze vergiessen.

Malheureusement, même aujourd’hui, malgré la grande chance que nous avons de pouvoir vivre en paix, nous ne pouvons nier les nouvelles atteintes aux Droits de l’homme et aux valeurs que constituent la tolérance, la solidarité et le civisme.

En ce 69ème anniversaire de la libération des camps de concentration et d’extermination et du crime de guerre de Sonnenburg, nous nous sommes réunis pour commémorer la mort de ces jeunes Luxembourgeois qui ont refusé de se soumettre à un régime inhumain, raciste et meurtrier. Il est de notre devoir de tirer les leçons de notre histoire et de refuser l’oubli de ce massacre pour que la mort de ces jeunes Luxembourgeois ne soit pas vaine et pour que de tels événements ne puissent plus jamais se reproduire.

Pour cela, tout un chacun doit contribuer à sa manière à l’édification et à la consolidation d’une société juste,  tolérante, solidaire et ouverte.

Ce n’est pas parce que notre pays ne connaît plus la guerre et que nous nous sentons en sécurité, que notre modèle de société ne soit pas menacé. Le racisme et la xénophobie, la haine et les discriminations, les injustices existent toujours, même dans une société diversifiée et culturellement riche telle qu’elle existe au Luxembourg.

Des hommes - tels Albert Ungeheuer - ont sacrifié leurs vies pour en sauver d’autres.

Ech adresséiere mech an dësem Sënn un d’Schüler vum Lycée Technique Nic Biever, ee Lycée aus deem schonn zanter dem Joer 2000/2001 Schoulklassen regelméisseg op Studiereesen op Ausschwitz fueren fir do, op der Plaz fir d'Konsequenze vun Extremismus, Menschenhaass an Intoleranz sensibiliséieren ze ginn.

Dir all hutt haut eng wichteg Roll ze spillen am Kampf géint Verbreedung vu Virurteeler a Rassismus. D‘Viraussetzung dofir ass awer, sech ze informéieren, sech eng eege Meenung ze bilden an sech oppen an tolerant vis-à-vis vun eise Matmenschen ze behuelen.

Déi 91 Lëtzebuerger vu Sonnenburg hunn sech dogéint gewiert, fir fir een onmënschleche Regime an de Krich ze goen a si hunn hir Entscheedung mat hirem Liewe bezuelt. Et ass un eis, haut derfir ze suergen, datt esou eppes an Zukunft net méi ka geschéien.

Plus de 70 années se sont écoulées depuis cette période la plus noire de l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui, nous nous devons de réfléchir à la commémoration future de ces évènements historiques.

Si de nos jours, nous avons le privilège de vivre en Europe une époque sans guerres, ni famines, ni massacres, ni génocides, il ne faut cependant pas succomber à l’illusion que le danger de revivre telles catastrophes soient définitivement banni. Remettons-nous un instant en mémoire les conflits dans le voisinage proche ou lointain de l’Europe.

Dans le programme gouvernemental, il est envisagé de créer un institut d’histoire contemporaine pour aider les générations actuelles et futures à mieux comprendre les dimensions sociales, économiques, politiques et humaines de notre histoire depuis le début du 20e siècle.

Cette initiative a pour but d’éviter une parcellisation, voire un émiettement de la mémoire de cette sombre époque, des décennies cruciales qui ont précédé et préfiguré cette hécatombe.

Il est aujourd’hui d’une importance capitale de pouvoir proposer aux générations futures une documentation compacte, claire, complète, pédagogique de l’Histoire récente.

Il est dans cette optique plus que bénéfique que des associations comme l’Amicale Albert Ungeheuer, mais aussi des écoles et des institutions soient au rendez-vous pour s’arrêter un moment sur les injustices du passé.

Mesdames, Messieurs, chers élèves,

J‘aimerais conclure en citant Stéphane Hessel (décédé en mars 2013), ancien résistant sous l’occupation allemande, diplomate et militant pour les Droits de l’homme qui disait "Je vous souhaite à tous, à chacun d’entre vous, d’avoir motif d’indignation. C’est précieux. Quand quelque chose vous indigne, comme j’ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé. On rejoint le courant de l’histoire et le grand courant de l’histoire doit se poursuivre grâce à chacun."

Léif Schüler,

Dir Damen an Dir Hären,

Et gëtt an eiser Gesellschaft genuch Grënn an Ursaachen, fir sech z’indignéieren a fir sech z’engagéieren. Fir dass mir och nach an deenen nächsten 69 Joer a Fridde liewen,  Valeure wéi Toleranz, Respekt a Solidaritéit vu Generatioun zu Generatioun weider kënne ginn, ouni d’affer vun deenen ze vergiessen, déi fir déi Werter hiert Liewe gelooss hunn.

Ech soen Iech Merci.

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