Jean Asselborn a participé à la vidéoconférence de la réunion informelle des ministres "Justice et affaires intérieures" de l'Union européenne

Le ministre des Affaires étrangères et européennes, ministre de l'Immigration et de l'Asile, Jean Asselborn, a participé à la réunion du Conseil "Justice et affaires intérieures" de l'Union européenne, qui s'est tenue par vidéoconférence le 28 janvier 2021.

Cette première réunion sous la présidence portugaise du Conseil de l'UE a permis aux ministres en charge de la migration de poursuivre leurs discussions sur le pacte sur la migration et l'asile, entamées depuis septembre 2020. Les ministres ont notamment abordé la dimension externe, les frontières extérieures ainsi que la solidarité.

Dès le début de son intervention, le ministre Asselborn s'est penché sur la situation actuelle des migrants en Bosnie-Herzégovine en rapportant le témoignage d'une journaliste de la première chaîne de télévision allemande, qui était présente sur place cette semaine et qui a décrit la situation à Bihać et Velika Kladuša comme une situation de "non-droit" et en "état de guerre".

"Les personnes qui s'y trouvent dans des conditions exécrables ne sont pas uniquement des jeunes hommes, seuls, mais il y a aussi des familles avec des enfants à la porte de l'Union européenne. L'UE est signataire de la convention de Genève, et les réfugiés ne devraient pas mettre leur vie en péril pour pouvoir frapper à notre porte. Je suis persuadé, vu l'urgence et l'actualité peu flatteuse pour l'UE, que la Commission va informer le Conseil sur cette situation ainsi que sur les allégations de refoulement", a fait remarquer le ministre Asselborn.

"En effet, Frontex sera à l'avenir la super-agence européenne et la mise en place de ses nouveaux moyens impliquera un budget considérable et quelque 10.000 agents. La Commission est la gardienne de ce processus et les États membres devront l'appuyer dans ses efforts de clarification afin de rétablir la confiance dans cet instrument fondamental de notre politique de migration", a poursuivi Jean Asselborn, avant de demander à la Commission de faire rapport sur l'état général actuel de Frontex.

En ce qui concerne la dimension externe, le ministre a insisté sur le fait que "la dignité doit être un fil conducteur dans nos relations avec les pays tiers". Les leviers ne peuvent pas uniquement fonctionner dans un sens, celui des sanctions, mais doivent aussi prévoir la possibilité de fonctionner dans l'autre sens. "Il sera d'autant plus important que nous parlons d'une seule voix, en faisant usage des instruments communautaires à notre disposition et en assurant le plein respect de la convention de Genève", a-t-il ajouté.

Dans ce contexte, le ministre a encouragé la Commission à continuer à intensifier le dialogue avec des partenaires aussi importants que les pays de l'Afrique du Nord et sub-saharienne, en ajoutant qu'une approche européenne bien coordonnée apportera forcément une valeur ajoutée aux efforts déployés de manière bilatérale.

S'agissant du sujet de la responsabilité et des frontières extérieures, le chef de la diplomatie luxembourgeoise a souligné que "nous ne pouvons pas complètement dissocier responsabilité et solidarité". Le Luxembourg est en faveur de procédures à la frontière moyennant une identification rigoureuse des ressortissants de pays tiers qui franchissent les frontières de l'UE de manière irrégulière. Ces procédures permettront aussi de réduire les mouvements secondaires.

En matière de solidarité, Jean Asselborn a mis en avant que la Commission et les États membres concernés directement par la pression migratoire seront les mieux placés pour identifier les besoins et les mesures à prendre pour rencontrer ces besoins. "Si, en dernier ressort, la relocalisation est le moyen le plus efficace, nous devons nous donner le moyen de la rendre obligatoire pour tous en cas de crise dans les pays sous pression", a souligné le ministre. Il a exprimé son soutien pour la proposition de la Commission de garder le catalogue des mesures de solidarité assez restreint et efficace, le but de l'exercice n'étant pas de réduire au maximum le soutien aux autres, mais de réduire le fardeau sur les pays de première arrivée.

Enfin, quant à la proposition de garder la solidarité "flexible", le chef de la diplomatie luxembourgeoise a exprimé ses doutes face à l'efficacité d'une telle approche: "L'incendie dans le camp de Moria nous a montré que même dans une situation aussi extrême, pas tous les États membres – et de loin pas tous! – se sont portés volontaires pour venir en l'aide tant à la Grèce qu'à des personnes vulnérables."

La commissaire Ylva Johansson a réagi à l'intervention du ministre Asselborn, soutenu par plusieurs autres ministres, pour confirmer que la Commission insiste sur une élucidation complète des allégations de refoulement. Elle souligne que l'agence Frontex doit fonctionner de manière robuste et efficace. La Commission veillera à mettre en place un mécanisme de signalement des violations de droits de l'Homme en matière de migration ainsi qu'un véritable monitoring pour le respect des droits fondamentaux. La situation des migrants en Bosnie reste difficile et ne saura perdurer. Enfin, la commissaire n'a pas caché sa frustration quant au fait qu'un centre d'accueil disponible n'est toujours pas utilisé suite au refus des autorités régionales et locales. La Commission maintiendra sa pression sur les autorités bosniennes.

 

Communiqué par le ministère des Affaires étrangères et européennes

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