Visite à Luxembourg du rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Michel Forst

Le rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Michel Forst, a effectué une visite de travail à Luxembourg le 21 juin 2018. Il a été reçu par le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, pour une entrevue bilatérale.

  1. ©MAEE

    Entrevue entre Michel Forst, rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des défenseurs des droits de l'homme et Jean Asselborn
  2. ©MAEE

    Jean Asselborn en compagnie de Gilbert Pregno, président de la Commission consultative des droits de l’homme du Luxembourg, et Michel Forst, rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits de l’homme
  3. ©MAEE

    Michel Forst, rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Jean Asselborn et Gilbert Pregno, président de la Commission consultative des droits de l’homme du Luxembourg lors de la conférence de presse

 

La réunion de travail du ministre Asselborn avec le rapporteur spécial Forst, à laquelle a également participé le président de la Commission consultative des droits de l’homme du Luxembourg, Gilbert Pregno, a permis d’aborder en profondeur la situation actuelle des défenseurs des droits humains dans le monde entier, avec un accent particulier sur la situation de celles et ceux qui défendent les droits des migrants et des réfugiés en Europe. 

Les discussions ont mis en évidence les pressions et dangers auxquels sont exposés les défenseurs des droits de l’homme de par le monde, et les tendances préoccupantes au sujet de leur traitement, également en Europe. Ces menaces prennent différentes formes: intimidations, violences sexuelles ou sexistes, disparitions forcées, emprisonnements, tortures et meurtres ou exécutions extrajudiciaires. Les attaques sur internet contre des défenseurs des droits humains, surtout féminins, sont systématiques. Les pressions peuvent aussi prendre des formes plus sournoises, comme la criminalisation des activités des défenseurs, ou les atteintes à leur réputation par le biais de campagnes de dénigrement.

Dans ce contexte, Jean Asselborn a notamment dénoncé la loi votée hier par le Parlement de la Hongrie, qui cible les organisations de la société civile en criminalisant ceux qui aident des migrants en situation irrégulière. La loi ne prévoit aucune clause d’exemption humanitaire et restreint de façon disproportionnée la liberté d’expression et la liberté de réunion et d’association consacrées dans les articles 10 et 11 de la Convention européenne des droits de l’homme.

Qualifiant cette action de "particulièrement cynique" puisque le vote a coïncidé avec la journée internationale des réfugiés, Jean Asselborn a dit souscrire à l’avis d’Amnesty International selon lequel "le fait de criminaliser un travail essentiel et légitime de défense des droits de l’homme constitue une attaque éhontée contre des gens recherchant à se mettre à l’abri des persécutions et contre ceux effectuant un travail admirable pour leur venir en aide". Le ministre Asselborn a conclu en estimant que "l’Europe a le devoir de réagir face à cette loi, au risque de tomber dans l’indifférence, ce qui équivaudrait à oublier les valeurs sur lesquelles l’Union a été fondée".

La visite du rapporteur spécial Forst fut également l’occasion de faire le point sur l’engagement du Luxembourg pour la promotion et la protection des droits de l’homme, alors que nous marquons cette année le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et le 20e anniversaire de la Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus, plus connue sous le nom "Déclaration sur les défenseures des droits humains".

Jean Asselborn a signalé au rapporteur spécial Forst la volonté du Grand-Duché d’appuyer concrètement les défenseurs des droits humains dans le monde, notamment à travers la participation à des mécanismes de protection comme ProtectDefenders.eu ou Shelter Cities, le dialogue politique avec les représentants de pays où les défenseurs et ONG des droits de l’homme sont menacés, ainsi que des efforts de renforcement des capacités et de mise en réseau de la société civile qui lutte pour défendre les droits humains.

Le Luxembourg étant candidat au Conseil des droits de l'homme pour le mandat 2022-2024, le ministre Asselborn a détaillé la stratégie générale du Luxembourg en matière de droits de l'homme, en insistant sur leur caractère universel, indivisible et inaliénable et l’intérêt d’un système multilatéral efficace, avec les Nations unies en son centre. 

Communiqué par le ministère des Affaires étrangères et européennes

Dernière mise à jour