Briefing de presse de Jean Asselborn sur la tenue de la Conférence diplomatique

"La confiance a été remplacée par la méfiance"

Lors d’une conférence de presse du 28 avril 2014, le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn a fait le bilan de la Conférence diplomatique, qui s’est tenue du 22 au 24 avril 2014 au Luxembourg. La traditionnelle Conférence diplomatique regroupe tous les deux ans les chefs de mission diplomatiques et consulaires luxembourgeois ainsi que les directeurs du ministère des Affaires étrangères et européennes.

Jean Asselborn a mis l’accent sur la situation en Syrie, un des sujets à l’ordre du jour lors de la Conférence diplomatique. Ainsi, il a souligné que la Syrie est en train d’être dirigée dans une catastrophe humanitaire. "Je ne vois pas de lumière à la fin du tunnel, bien au contraire, cela devient toujours plus noir. En plus de cela, Monsieur Assad veut même se présenter aux prochaines élections en juin. Trois millions de personnes auront quitté la Syrie à la fin de l’année et pour l’instant on compte plus de 140.000 de morts", a-t-il dit. Il a mis en avant qu’il n’existe qu’une seule solution, à savoir que le Conseil de sécurité des Nations unies prennent ses responsabilités: embargo sur les armes, interdire des opérations militaires et autoriser de l’accès humanitaire. "Or, ceci n’est pas possible en ce moment. En fait, le Conseil de sécurité est en train de capituler devant le terrorisme et la dictature", a constaté le ministre des Affaires étrangères et européennes.

 "Le 20e siècle ne doit pas se répéter au 21e siècle"

Les tensions entre l’Ukraine et la Russie ont également été abordées lors de la Conférence diplomatique. Dans ce contexte, le ministre Asselborn a parlé d’un "saut quantique dans la mauvaise direction". "La confiance entre l’Union européenne et la Russie a été remplacée par la méfiance", a-t-il affirmé. Il serait important de ne pas banaliser certaines déclarations, notamment celle du Premier ministre ukrainien, Arseni Jazenjuk, au sujet de la possibilité d’une "Troisième guerre mondiale". "Nous devons tout faire, afin que les moyens diplomatiques aient effet. [...] La loi internationale ne doit pas être violée, or c’est ce qui s’est passé avec l’annexion de la Crimée par la Russie", a indiqué Jean Asselborn. Il serait difficile de garantir la stabilité en Europe, si les prochaines années et décennies seront marquées par la haine, la peur et l’armement entre l’Union européenne et la Russie. "Le 20e siècle, avec ses murs et ses barbelés, ne doit pas se répéter au 21e siècle", a souligné le ministre avant de dire que la situation en Ukraine serait grave. Selon lui, la mission de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) serait un instrument qui pourrait avoir effet et dans ce contexte il a fermement condamné la prise en captivité de l’équipe de l’OSCE en Ukraine.

Le Luxembourg prône une déescalade de la situation

De même, le ministre des Affaires étrangères et européennes  a mis l’accent sur le fait que le Luxembourg fixe sa position en la matière à travers l’Union européenne et non de manière bilatérale. Au sein de l’UE, le Grand-Duché ferait partie de pays qui prônent une désescalade de la situation. Dans ce sens, il serait important de ne pas abandonner les accords de Genève du 17 avril 2014. "Une fois arrivés à un point de non retour, nous privilégierons l’escalade à la désescalade" a déclaré Jean Asselborn dans le contexte des discussions à Bruxelles quant à de nouvelles sanctions contre la Russie. Selon lui, la Russie ne pourrait pas se permettre – d’un point de vue économique – de s’isoler et de croire qu’elle pourrait se passer de l’Union européenne.

D'autres sujets à l'ordre du jour lors de la Conférence diplomatique étaient la présidence de l'Union européenne du Luxembourg lors du 2e semestre en 2015, le Sudan du Sud, ainsi que l'organisation du ministère des Affaires étrangères à travers le monde.

 

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